Bonjour à tous et toutes !
Sujet passionnant, vos avis sont intéressants. Visiblement c'est un sujet qui ne concerne pas que notre petit monde de perles, ça touche tout ce qui est création, le monde de la mode entre autres...
J'ai reçu un magazine qui est made in Suisse et il y avait un article passionnant : Créateurs, qui copie qui ? Tout le monde et c'est bien ainsi !
Ci-dessous je vous le recopie
Le saviez-vous ? Même si les labels de mode et leurs logos sont protégés, les looks se copient librement-ou peu s'en faut. Un fléau ou pas? Tour d'horizon décoiffant d'une véritable culture de la copie. Par Nic Ulmi
Tout le monde ne l'avoue pas, mais tout le monde le sait et tout le monde le voit. Dans la mode (comme ailleurs, et peut-être un peu plus qu'ailleurs) certains créent, d'autres imitent, tous se copient. et ça parrait normal. Mais comment cela se fait-il? y avez-vous déjà réfléchi ?
Pas nous, avouons-le. Pas vraiment, jusqu'à la semaine passée. Ensuite, nous sommes tombés sur la directrice d'un centre d'études à l'université de Californie du Sud, conférencière décoiffante (sa vidéo dans les célébres TED Talks a été vue 650'000 fois) la chercheuse est spécialiste, notamment, de la question de la propirété intellectuelle dans la mode. Qui en gros, n'existe pas. "n'importe qui peut copier n'importe quel vêtement et le vendre comme sa propre création" martèle-t-elle...Forcément, ça nous a intrigués.
Copies, tendances et magieLa mode toute entière baigne en effet dans une culture de l'imitation et de la copie. D'une part, les chaines de la grande distribution s'inspirent des collections présentées aux fshion weeks de New York, Londres, Milan et Paris, dont elles déclinent les looks en variations plus ou moins proches de l'original. D'autre part, les grands créateurs eux-mêmes refont parfois, quasiment à l'identique, une pièce vintage trouvée sur un marché aux puces, dans une friperie ou dans un musée, créée à l'origine par un "nobody", un nom célébre un peu oublié du public (Elsa Schiaparelli, Germana Marucelli, Barbara Hulanicki...) voire par un couturier historique tel que Cristóbal Balenciaga.
Parfois, copier un look culte passé s'avère être même le but de l'affaire. Voyez Jean-Paul Gaultier rendant hommage, dans son défilé de ce printemps, à David Bowie dans le rôle de Ziggy Stardust, moulé dans une combinaison unijambiste de Kansai Yamamoto..."l'un des effets secondaires de cette culture de la copie, c'est que les tendances se mettent en place. Les gens pensent que c'est par magie. Mais en fait, c'est parceque les gens ont le droit de se copier les uns les autres" relève Johanna Blakley. Il en va ainsi a tous les étages de la mode, du plus cheap au plus préstigieux. Etonnant ?
Confusion et contrefaçon"L'imitation, (le knock-off en anglais) est tout à fait légale", nous confirme Johanna Blakley au bout de son Skype. Eh oui. "Vous pouvez tout copier à part l'étiquette, le nom de la marque et son logo. La protection de ces éléments est importante pour le client, qui veut connaître la source de ce qu'il achète et pour le designer, qui veut créer et défendre sa réputation". Cela vaut pour les Etats-Unis. En Europe, c'est différent...mais ça revient plus ou moins au même, comme on le verra plus bas.
Toutefois, si l'imitation et la copie (quasi) conforme sont légales, que sont ces biens contrefaits qu'on saisit et qu'on détruit quand on les intercepte aux frontières ? "Les gens confondent très souvent imitation et contrefaçon. Cette dernière consiste, justement, à copier jusqu'au logo de la marque et à se faire passer pour l'original. Ca, c'est illégal. C'est de la fraude". Mais si vous copiez en signant de votre nom, tout va bien...
Rouge comme une semelleLorsque Johanna Blakley expose son sujet, les gens poussent en général des "Oh" et des "Ah"! Surpris D'apprendre que la copie est légale ? "Oui, même les professionels. En parlant avec des designers, je constate souvent qu'ils ne le savent pas. Ils pensent que copier est illégal, ou qu'il faut changer quelque chose pour pouvoir le faire. Même les avocats sont peu au courant, parcequ'il n'y a pratiquement pas de plaintes dans ce domaine".
Pas de plaintes ? Et l'affaire Louboutin contre Yves Saint Laurent, portée devant la justice américaine l'année dernière ? (louboutin est une marque de chaussures hors de prix dont la particularité est une semelle rouge)
Justement : l'accusation ne portait pas sur le design de la chaussure, mais sur la semelle rouge, considérée par Louboutin comme faisant partie de l'identification de son label, au même titre que le nom et le logo. "L'affaire aété traitée selon le droit des marques, en considérant que la couleur particulière de la semelle avait acquis un caractère distinctif, explique Marcus Höpperger, directeur de division à l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Le droit des marques déposées permet en effet de protéger certains aspects ornementaux récurrents. Par exemple, le motif à carreaux de Burberry. Si quelqu'un l'imite, il peut être attaqué.
Des copies serviles et une série de "mais"Qu'en est-il dans l'union Européenne ? On se tourne à nouveau vers Marcus Höpperger. En Europe (mais pas en Suisse) il existe un droit spécifique qui protège les dessins et modèles de mode, même si ils ne sont pas enregistrés. Il suffit que le modèle ou dessin soit rendu public pour que la protection soit activée. Dévoiler une collection suffit donc à la protéger. La protection est cependant restreinte dans sa durée (trois ans, ce qui a l'échelle de la mode est déjà pas mal) et surtout dans sa portée. "Elle ne concerne que la copie servile (c'est-à-dire identique, ndlr). Mais si on change un petit aspect, le droit ne s'applique pas. Qu'est-ce qu'on vous disait ? Déplacez un bouton, raccourcissez un ourlet et le tour est joué...
Aucun moyen de se protéger ? Si. En Europe comme en Suisse, on peut déposer formellement un dessin ou modèle. Dans ce cas, la protection est plus large. Elle ne concerne pas seulement la copie servile, mais également un design qui donnerait la même impression globale que l'original. Mais...Y a t'il un mais ? Mais la procédure est coûteusesi on l'utilise pour une collection entière. Et elle peut prendre plusieurs mois. Ce qui est peu compatible avec les cycle rapides de la mode. Ben oui. Si la protection n'entre en vigueur que la saison d'après..."En Suisse, il existe aussi la possibilité d'actionner la justice pour concurence déloyale en cas de copie servile. c'est un filet de sauvetage" conclut Marcus Höpperger.
L'imitation généralisée, un aiguilon pour la créationEst-ce grave docteur ? Pas du tout, selon Johanna Blakley. Ce système où on copie librement toutes sortes d'éléments à plutôt un effet d'entrainement. C'est un aiguillon. Ca stimule l'inovation.
Dans son TED Talk, la chercheuse cite l'exemple de Chralie Parker, réinventeur du Jazz dans les années 40 : il a déclaré un jour qu'une des raisons pour lesquelles il avait inventé le be-bop, c'est qu'il était sûr que les musiciens blancs ne sauraient pas en reproduire la sonorité : il voulait que ça soit difficile à copier. c'est ce que les créateurs de mode font tout le temps. Ils essaient de construire un look caractéristique, une esthétique qui reflète leur identité.
Le climat général d'admiration mutuelle est donc essentiellement bénéfique : A l'inverse, si la loi permettait de déposer les créations, on risquerait de se retrouver dans une situation où l'utilisation de chaque élément de base serait soumise à une licence : telle forme de col, telle coupe de manches...La création finirait coincée dans des contentieux. Les designers indépendants vivraient dans la peur de copier par accident quelque chose qui a été déposé.
Vannes et amour-propreAux Etats-Unis, la mode partage l'abscence de droit d'auteur avec d'autres somaines de la créativité : les meubles, les voitures, les coiffures, les recettes de cuisine, l'odeur d'un parfum, les vannes d'un comique, les tours de magie, les règles d'un jeu..."Le copyright sert, lui, à protéger des créations artistiques qui n'ont pas de fonction utilitaire et de valeur d'usage" reprend Johanna Blakley.
Ne changeons rien, donc. Les analyses économiques confirement l'avis des tribunaux : le système est bien tel qu'il est. Alors pouquoi réclamer que le droit d'auteur soit étendu au domaine de la mode, comme le fait actuellement le Concil of Fashion Designers of America (CFDA) présidé par Diane Von Furstenberg ? C'est une question d'orgueil, d'amour-propre. Les créateurs qui défendent ce point de vue pensent qu'en leur niant leur droit d'auteur on refuse de reconnaitre leurs qualités artistiques. Ils considèrent que la protection de leur propriété intellectuelle serait une forme de respect. Et lorsqu'ils vont voir Michelle Obama en disant : Ne crois-tu pas que nous sommes des artistes aussi ? Comment peut-elle rester insensible ? Rhooooh....Le droit d'auteur, une affaire de coeur ?
www.ted.com/talks/johanna_blakley_lessons_from_fashion_s_free_culture.htmlSi vous avez tout lu et que ça vous donne envie de commenter, ça me ferait bien plaisir !
Serendipity